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Paul, agité et frémissant, s’écria : « Mais certes oui, je veux bien, dis-lui que nous l’emmenons où il lui plaira. » Puis il hésita une seconde et reprit d’une voix inquiète : « Seulement il faudrait savoir avec qui elle vient ? Est-ce avec toi ou avec moi ? »

Je me tournai vers l’Italienne qui ne semblait même pas nous écouter, retombée dans sa complète insouciance et je lui dis : « Nous serons très heureux, madame, de vous emmener avec nous. Seulement mon ami désirerait savoir si c’est mon bras ou le sien que vous voulez prendre comme appui ? »

Elle ouvrit sur moi ses grands yeux noirs et répondit avec une vague surprise : « Che mi fa ?  »

Je m’expliquai : « On appelle en Italie, je crois, l’ami qui prend soin de tous les désirs d’une femme, qui s’occupe de toutes ses volontés et satisfait tous ses caprices, un patito. Lequel de nous deux voulez-vous pour votre patito ? »

Elle répondit sans hésiter : « Vous ! »

Je me retournai vers Paul : « C’est moi qu’elle choisit, mon cher, tu n’as pas de chance. »

Il déclara d’un air rageur : « Tant mieux pour toi. »

Puis, après avoir réfléchi quelques minutes : « Est-