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s’était enfermée, quel ennui ! Alors il cria à travers la porte : « Jeanne, c’est moi ! »

Elle dut avoir grand’peur, car il l’entendit sauter du lit et parler seule comme dans un rêve. Puis elle courut à son cabinet de toilette, l’ouvrit et le referma, traversa plusieurs fois sa chambre dans une course rapide, nu-pieds, secouant les meubles dont les verreries sonnaient. Puis, enfin, elle demanda : « C’est bien toi, Alexandre ? »

Il répondit : « Mais oui, c’est moi, ouvre donc ! »

La porte céda, et sa femme se jeta sur son cœur en balbutiant : « Oh ! quelle terreur ! quelle surprise ! quelle joie ! »

Alors, il commença à se dévêtir, méthodiquement, comme il faisait tout. Et il reprit sur une chaise, son pardessus qu’il avait l’habitude d’accrocher dans le vestibule. Mais, soudain, il demeura stupéfait. La boutonnière portait un ruban rouge !

Il balbutia : « Ce… ce… ce paletot est décoré ! »

Alors sa femme, d’un bond, se jeta sur lui, et lui saisissant dans les mains le vêtement : « Non… tu te trompes… donne-moi ça. »

Mais il le tenait toujours par une manche, ne le lâchant pas, répétant dans une sorte d’affolement :