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plaire à chaque député, dix à chaque ministre, cinquante au président de la République, dix également à chacun des journaux parisiens, cinq aux journaux de province.

Puis il traita la question des bibliothèques des rues, voulant que l’État fît promener par les rues des petites voitures pleines de livres, pareilles aux voitures des marchandes d’oranges. Chaque habitant aurait droit à dix volumes par mois en location, moyennant un sou d’abonnement.

« Le peuple, disait M. Sacrement, ne se dérange que pour ses plaisirs. Puisqu’il ne va pas à l’instruction, il faut que l’instruction vienne à lui, etc. »

Aucun bruit ne se fit autour de ces essais. Il adressa cependant sa demande. On lui répondit qu’on prenait note, qu’on instruisait. Il se crut sûr du succès ; il attendit. Rien ne vint.

Alors il se décida à faire des démarches personnelles. Il sollicita une audience du ministre de l’instruction publique, et il fut reçu par un attaché de cabinet tout jeune et déjà grave, important même, et qui jouait, comme d’un piano, d’une série de petits boutons blancs pour appeler les huissiers et les garçons de l’antichambre ainsi que les employés subalternes.