Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il avait maintenant quarante-cinq ans, pas mal de cheveux blancs, un peu de ventre, et cette mélancolie des gens qui ont été beaux, recherchés, aimés et qui se détériorent tous les jours.

Un mois après son retour à Paris, il prit froid en sortant du cercle et se mit à tousser. Son médecin lui ordonna d’aller finir l’hiver à Nice.

Il partit donc, un lundi soir, par le rapide.

Comme il arrivait en retard, il arriva alors que le train se mettait en marche. Il y avait une place dans un coupé, il y monta. Une personne était déjà installée sur le fauteuil du fond, tellement enveloppée de fourrures et de manteaux qu’il ne put même deviner si c’était un homme ou une femme. On n’apercevait rien d’elle qu’un long paquet de vêtements. Quand il vit qu’il ne saurait rien, le baron, à son tour, s’installa, mit sa toque de voyage, déploya ses couvertures, se roula dedans, s’étendit et s’endormit.

Il ne se réveilla qu’à l’aurore, et tout de suite il regarda vers son compagnon. Il n’avait point bougé de toute la nuit et il semblait encore en plein sommeil.

M. d’Étraille en profita pour faire sa toilette du matin, brosser sa barbe et ses cheveux, refaire l’as-