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Je devins plus rouge qu’une tomate et plus timide encore que d’habitude, naturellement. J’avais bien envie de m’en aller, mais elle me tenait la main, et ferme. Elle la posa sur sa poitrine, une poitrine bien nourrie ; et elle me dit : « Tenez, sentez mon cœur, comme il bat. » Certes, il battait. Moi, je commençais à saisir, mais je ne savais comment m’y prendre, ni par où commencer. J’ai changé depuis.

Comme je demeurais toujours une main appuyée sur la grasse doublure de son cœur, et l’autre main tenant mon chapeau, et comme je continuais à la regarder avec un sourire confus, un sourire niais, un sourire de peur, elle se redressa soudain, et, d’une voix irritée : — « Ah çà, que faites-vous, jeune homme, vous êtes indécent et mal appris ! » — Je retirai ma main bien vite, je cessai de sourire, et je balbutiai des excuses, et je me levai, et je m’en allai abasourdi, la tête perdue.

Mais j’étais pris, je rêvai d’elle. Je la trouvais charmante, adorable ; je me figurai que je l’aimais, que je l’avais toujours aimée, je résolus d’être entreprenant, téméraire même !

Quand je la revis, elle eut pour moi un petit sourire en coulisse. Oh ! ce petit sourire, comme il me