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De sorte qu’à force de mépriser les femmes ils ne pensaient qu’à elles, ne vivaient que pour elles, tendaient vers elles tous leurs efforts, tous leurs désirs.

Ceux d’entre eux qui s’étaient mariés, les appelaient vieux galantins, les plaisantaient et les craignaient.

C’était juste au moment de boire le champagne que devaient commencer les confidences au dîner du Célibat.

Ce jour-là, ces vieux, car ils étaient vieux à présent, et plus ils vieillissaient, plus ils se racontaient de surprenantes bonnes fortunes, ces vieux furent intarissables. Chacun des quatre, depuis un mois, avait séduit au moins une femme par jour ; et quelles femmes ! les plus jeunes, les plus nobles, les plus riches, les plus belles !

Quand ils eurent terminé leurs récits, l’un d’eux, celui qui, ayant parlé le premier, avait dû, ensuite, écouter les autres, se leva.

« Maintenant que nous avons fini de blaguer, dit-il, je me propose de vous raconter, non pas ma dernière, mais ma première aventure, j’entends la première aventure de ma vie, ma première chute (car c’est une chute) dans les bras d’une femme. Oh ! Je ne vais pas vous