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Je le regardais, perclus de surprise : « Mais… oui. Bigre, mes compliments. Tu as changé depuis six mois. »

Il devint cramoisi et reprit, en riant faux : « On fait ce qu’on peut. »

Je le regardais avec une obstination qui le gênait visiblement. Je prononçai : « Alors, tu es… tu es guéri ? »

Il balbutia très vite : « Oui, tout à fait. Merci. » Puis, changeant de ton : « Quelle chance de te rencontrer, mon vieux ! Hein, on va se revoir, maintenant, et souvent, j’espère ? »

Mais je ne lâchais point mon idée. Je voulais savoir. Je demandai : « Voyons, tu te rappelles bien la confidence que tu m’as faite, voilà six mois… Alors…, alors…, tu résistes maintenant ? »

Il articula en bredouillant : « Mettons que je ne t’ai rien dit, et laisse-moi tranquille. Mais, tu sais, je te trouve et je te garde. Tu viens dîner à la maison. »

Une envie folie me saisit soudain de voir cet intérieur, de comprendre, j’acceptai.

Deux heures plus tard, il m’introduisait chez lui.

Sa femme me reçut d’une façon charmante. Elle avait un air simple, adorablement naïf et distingué qui