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quand le parquet ou quelque meuble, ou, peut-être, le lit lui-même, craqua. Ce fut un bruit sec comme si quelque support s’était brisé ; et, aussitôt un cri, faible d’abord, puis suraigu y répondit. André s’était réveillé.

Il glapissait comme un renard. S’il continuait ainsi, certes, toute la maison allait se lever.

La mère affolée s’élança et le rapporta. Le capitaine ne se releva pas. Il rageait. Alors, tout doucement, il étendit la main, prit entre deux doigts un peu de chair du marmot, n’importe où, à la cuisse ou bien au derrière, et il pinça. L’enfant se débattit, hurlant à déchirer les oreilles. Alors le capitaine, exaspéré, pinça plus fort, partout, avec fureur. Il saisissait vivement le bourrelet de peau et le tordait en le serrant violemment, puis le lâchait pour en prendre un autre à côté, puis un autre plus loin, puis un autre encore.

L’enfant poussait des clameurs de poulet qu’on égorge ou de chien qu’on flagelle. La mère éplorée l’embrassait, le caressait, tâchait de le calmer, d’étouffer ses cris sous les baisers. Mais André devenait violet comme s’il allait avoir des convulsions, et il agitait ses petits pieds et ses petites mains d’une façon effrayante et navrante.