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dévoué qu’aucun parent ; j’entends qu’on respecte ses convictions.

Cette fois, j’étais attéré ; je répondis néanmoins :

— Très bien, mon oncle. Et après le déjeuner, qu’avez-vous fait ?

— Nous avons joué une partie de bésigue, puis il a dit son bréviaire, pendant que je lisais un petit livre qu’il avait sur lui, et qui n’est pas mal écrit du tout.

— Un livre pieux, mon oncle ?

— Oui et non, ou plutôt non, c’est l’histoire de leurs missions dans l’Afrique centrale. C’est plutôt un livre de voyage et d’aventures. C’est très beau ce qu’ils ont fait là, ces hommes. »

Je commençais à trouver que ça tournait mal. Je me levai : « Allons, adieu, mon oncle, je vois que vous quittez la franc-maçonnerie pour la religion. Vous êtes un renégat. »

Il fut encore un peu confus et murmura : « Mais la religion est une espèce de franc-maçonnerie. »

Je demandai : « Quand revient-il, votre jésuite ? » Mon oncle balbutia : « Je… je ne sais pas, peut-être demain… ce n’est pas sûr. »

Et je sortis, absolument abasourdi.

Elle a mal tourné, ma farce ! Mon oncle est con-