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le premier. J’avais envie de déchirer, de mordre, de hurler ; c’était terrible, et cependant moins douloureux que je n’aurais cru.

Vers huit heures du matin, je m’endormis pour la première fois depuis quatre nuits.

À onze heures, une voix aimée me réveilla. C’était maman que mes lettres avaient effrayée, et qui accourait pour me voir. Elle tenait à la main un grand panier d’où sortirent soudain des aboiements. Je le saisis, éperdue, folle d’espoir. Je l’ouvris, et Bijou sauta sur le lit, m’embrassant, gambadant, se roulant sur mon oreiller, pris d’une frénésie de joie.

Eh bien, ma chérie, tu me croiras si tu veux… Je n’ai encore compris que le lendemain !

Oh ! l’imagination ! comme ça travaille ! Et penser que j’ai cru ?… Dis, n’est-ce pas trop bête ?…

Je n’ai jamais avoué à personne, tu le comprendras, n’est-ce pas, les tortures de ces quatre jours. Songe, si mon mari l’avait su ?… Il se moque déjà assez de moi avec mon aventure de