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ma main et je me convainquis, sans trop d’efforts, que, si elle n’avait pas menti, Mme de Jadelle devait être très bien faite.

Je pris même grand goût à cette constatation, qui, d’ailleurs, poussée un peu loin, ne semblait plus déplaire à Césarine.

C’était, ma foi, un ravissant échantillon de la race bas-normande, forte et fine en même temps. Il lui manquait peut-être certaines délicatesses de soins qu’aurait méprisées Henri IV. Je les lui révélai bien vite, et comme j’adore les parfums, je lui fis cadeau, le soir même, d’un flacon de lavande ambrée.

Nous fûmes bientôt plus liés même que je n’aurais cru, presque amis. Elle devint une maîtresse exquise, naturellement spirituelle, et rouée à plaisir. C’eût été, à Paris, une courtisane de grand mérite.

Les douceurs qu’elle me procura me permirent d’attendre sans impatience la fin de l’épreuve de Mme de Jadelle. Je devins d’un caractère incomparable, souple, docile, complaisant.