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Il suffit d’un rien, d’une manie enracinée, d’une opinion tenace sur un point quelconque de morale, de religion ou de n’importe quoi, d’un geste qui déplaît, d’un tic, d’un tout petit défaut ou même d’une qualité désagréable pour faire deux ennemis irréconciliables, acharnés et enchaînés l’un à l’autre jusqu’à la mort, des deux fiancés les plus tendres et les plus passionnés.

« Je ne me marierai pas, monsieur, sans connaître à fond, dans les coins et replis de l’âme, l’homme dont je partagerai l’existence. Je le veux étudier à loisir, de tout près, pendant des mois.

« Voici donc ce que je vous propose. Vous allez venir passer l’été chez moi, dans ma propriété de Lauville, et nous verrons là, tranquillement, si nous sommes faits pour vivre côte à côte…

« Je vous vois rire ! Vous avez une mauvaise pensée. Oh ! monsieur, si je n’étais pas sûre de moi, je ne vous ferais point cette proposition. J’ai pour l’amour, tel que vous le comprenez,