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— J’sais-ti, moi !

Une sorte d’intérêt me prit pour cette abandonnée.

Je lui demandai : — Dis-moi ton histoire ?

Elle me la conta.


— J’avais seize ans, j’étais en service à Yvetot, chez M. Lerable, un grainetier. Mes parents étaient morts. Je n’avais personne ; je voyais bien que mon maître me regardait d’une drôle de façon et qu’il me chatouillait les joues ; mais je ne m’en demandais pas plus long. Je savais les choses, certainement. À la campagne, on est dégourdi ; mais M. Lerable était un vieux dévot qu’allait à la messe chaque dimanche. Je l’en aurais jamais cru capable, enfin !

V’là qu’un jour il veut me prendre dans ma cuisine. Je lui résiste. Il s’en va.

Y avait en face de nous un épicier, M. Dutan, qui avait un garçon de magasin bien plaisant ; si tant est que je me laissai enjôler par lui. Ça arrive à tout le monde, n’est-ce pas ? Donc je