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Je répondis, pour me débarrasser d’elle : — Parce que je suis marié.

— Qu’est-ce que ça fait ?

— Voyons, mon enfant, ça suffit. Je t’ai tirée d’affaire. Laisse-moi tranquille maintenant.

La rue était déserte et noire, vraiment sinistre. Et cette femme qui me serrait le bras rendait plus affreuse encore cette sensation de tristesse qui m’avais envahi. Elle voulut m’embrasser. Je me reculai avec horreur, et d’une voix dure :

— Allons, f…-moi la paix, n’est-ce pas ?

Elle eut une sorte de mouvement de rage, puis, brusquement, se mit à sangloter. Je demeurai éperdu, attendri, sans comprendre.

— Voyons, qu’est-ce que tu as ?

Elle murmura dans ses larmes : — Si tu savais, ça n’est pas gai, va.

— Quoi donc !

— C’te vie-là.

— Pourquoi l’as-tu choisie ?

— Est-ce que c’est ma faute ?

— À qui la faute, alors ?