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pour la première fois à la demoiselle aux deux millions cinq cent mille. Qui était-ce ? Pourquoi ne pas écrire ? Pourquoi ne pas savoir ?

Enfin, monsieur, j’abrège. Pendant quinze jours cette idée me hanta, m’obséda, me tortura. Tous mes ennuis, toutes les petites misères dont je souffrais sans cesse, sans les noter jusque-là, presque sans m’en apercevoir, me piquaient à présent comme des coups d’aiguille, et chacune de ces petites souffrances me faisait songer aussitôt à la demoiselle aux deux millions cinq cent mille.

Je finis par imaginer toute son histoire. Quand on désire une chose, monsieur, on se la figure telle qu’on l’espère.

Certes, il n’était pas très naturel qu’une jeune fille de bonne famille, dotée d’une façon aussi convenable, cherchât un mari par la voie des journaux. Cependant, il se pouvait faire que cette fille fût honorable et malheureuse.

D’abord, cette fortune de deux millions cinq cent mille francs ne m’avait pas ébloui