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Mais il songeait avec terreur qu’il pouvait au premier matin se trouver face à face avec elle et contraint de lui parler. Que lui dirait-il maintenant, après tout ce qu’il lui avait dit autrefois en lui tenant les mains et lui baisant les cheveux auprès des joues ? Il pensait souvent encore à leurs rendez-vous le long des fossés. C’était vilain ce qu’elle avait fait, après tant de promesses.

Peu à peu, cependant, le chagrin s’en allait de son cœur ; il n’y restait plus que de la tristesse. Et, un jour, pour la première fois, il reprit son ancien chemin contre la ferme qu’elle habitait. Il regardait de loin le toit de la maison. C’était là dedans ! là dedans qu’elle vivait avec un autre ! Les pommiers étaient en fleur, les coqs chantaient sur le fumier. Toute la demeure semblait vide, les gens étant partis aux champs pour les travaux printaniers. Il s’arrêta près de la barrière et regarda dans la cour. Le chien dormait devant sa niche, trois veaux s’en allaient d’un pas lent, l’un derrière l’autre, vers la mare. Un gros din-