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saient, assis sur un cabestan, et le regard perdu vers l’horizon.

— Non, ce n’est pas vrai ; je te dis que je connais beaucoup Jean Summer.

— Mais alors, pourquoi l’a-t-il épousée ? Car elle était déjà infirme lors de son mariage, n’est-ce pas ?

— Parfaitement. Il l’a épousée… il l’a épousée… comme on épouse, parbleu, par sottise !

— Mais encore ?…

— Mais encore… mais encore, mon ami. Il n’y a pas d’encore. On est bête, parce qu’on est bête. Et puis, tu sais bien que les peintres ont la spécialité des mariages ridicules ; ils épousent presque tous des modèles, des vieilles maîtresses, enfin des femmes avariées sous tous les rapports. Pourquoi cela ? Le sait-on ? Il semblerait, au contraire, que la fréquentation constante de cette race de dindes qu’on nomme les modèles aurait dû les dégoûter à tout jamais de ce genre de femelles. Pas du tout. Après les avoir fait poser, ils les épousent. Lis donc ce petit livre, si vrai, si cruel et si beau, d’Alphonse Daudet : les Femmes d’artistes.

Pour le couple que tu vois là, l’accident