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L’ANGLAIS D’ÉTRETAT.

intelligences, Algernon-Charles Swinburne est assurément un homme de génie.

Les vastes esprits raisonnables ne sont jamais considérés comme géniaux, tandis qu’on prodigue cette sublime qualification à des cerveaux souvent de second ordre, mais qu’agite un peu de folie.

Dans tous les cas, ce poète reste un des premiers de son temps par l’originalité de son invention et la prodigieuse habileté de sa forme. C’est un lyrique exalté, un lyrique forcené qui ne se préoccupe guère de cette humble et bonne vérité que recherchent aujourd’hui si obstinément et si patiemment les artistes français, mais qui s’évertue à fixer des songes, des pensées subtiles, tantôt ingénieusement grandioses, tantôt simplement enflées, parfois aussi magnifiques.


Deux ans plus tard, je trouvai la maison fermée, les hôtes partis. On vendait les meubles. J’achetai, en souvenir d’eux, la hideuse main d’écorché. Sur le gazon un énorme bloc carré de granit portait gravé ce simple mot : « Nip ». Au-dessus, une pierre creuse, pleine d’eau, offrait à boire aux oiseaux. C’était la sépulture du singe, pendu par un jeune do-