Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson, OC, Conard, 1909.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
CELLES QUI OSENT.

tère ont peut-être un charme si grand !

Une fois la pensée, le désir entrés en sa tête, la chute est proche, très proche.

Elle ose enfin, mais doucement, peu à peu. Elle a des réserves, des limites. Ceci, oui ; cela, non. Ces distinctions, une fois le premier pas franchi, sont surprenantes et grotesques, mais générales. Il semblerait qu’à partir du moment où une femme s’est décidée à expérimenter l’amour, l’amour défendu, raffiné, inventif, elle devrait toujours demander davantage, toujours vouloir du nouveau, toujours chercher, toujours attendre des baisers différents, plus aigus. Eh bien ! non. La morale, morale étrange et mal placée, reprend ses droits.

Te figures-tu un assassin qui jugerait plus coupable de tuer un homme avec un couteau qu’avec un pistolet ?

Elles ne les osent pas toutes, les choses charmantes qui rendent la vie moins morne.

Moi, je voudrais qu’un poète, un vrai poète les chantât audacieusement, un jour, en des vers hardis et passionnés, ces choses honteuses qui font rougir les imbéciles. Il ne faudrait là ni gros mots, ni polissonneries, ni sous-entendus ; mais une suite de petits poèmes simples et francs, bien sincères.