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SOUVENIRS.

mort, Gustave Flaubert publia ses vers posthumes, les Dernières chansons.

Une pièce est intitulée : Une Baraque de la foire.

En voici quelques fragments :

Oh ! qu’il était triste au coin de la salle,
Comme ii grelottait, l’homme au violon.
La baraque en planche était peu d’aplomb

Et le vent soufflait dans la toile sale.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Dans son entourage, Antoine, en prière,
Se couvrait les yeux sous son capuchon.
Les diables dansaient. Le petit cochon

Passait, effaré, la torche au derrière.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Oh ! qu’il était triste ! Oh ! qu’il était pâle !
Oh ! l’archet damné, raclant sans espoir ;
Oh ! le paletot plus sinistre à voir
Sous les transparents aux lueurs d’opale !

Comme un chœur antique au sujet mêlé,
Il fallait répondre aux péripéties
Et quitter soudain pour des facéties,
Le libre juron tout bas grommelé !…

Il fallait chanter, il fallait poursuivre,
Pour le pain du jour, la pipe du soir ;
Pour le dur grabat dans le grenier noir ;
Pour l’ambition d’être homme et vivre !