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Il alla chercher la petite et il la présentait comme s’il eût tenu le pain bénit, quand la porte s’ouvrit et Isidore Vallin parut.

Il ne comprit point d’abord ; puis, soudain, il devina.

Benoist, consterné, balbutiait :

— J’ passais, je passais comme ça, quand j’ai entendu qu’elle criait et j’ suis v’nu… v’là t’ n’ éfant, Vallin !

Alors le mari, les larmes aux yeux, fit un pas, prit le frêle moutard que lui tendait l’autre, l’embrassa, demeura quelques secondes suffoqué, reposa l’enfant sur le lit, et présentant à Benoist ses deux mains :

— Tope là, tope là, Benoist, maintenant, entre nous, vois-tu, tout est dit. Si tu veux, j’ s’rons une paire d’amis, mais là, une paire d’amis ! …

Et Benoist répondit :

— J’ veux bien, pour sûr, j’ veux bien.


La Martine a paru dans le Gil-Blas du mardi 11 septembre 1883, sous la signature : Maufrigneuse.