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par une modiste d’Yvetot, elle montrait tout entière sa nuque forte, ronde, souple, où ses petits cheveux follets voltigeaient, roussis par le grand air et le soleil.

Lui, Benoist, ne voyait que son dos ; mais il connaissait bien le visage qu’elle avait, sans qu’il l’eût cependant jamais remarqué plus que ça.

Et tout d’un coup, il se dit : « Nom d’un nom, c’est une belle fille tout de même que la Martine. » Il la regardait aller, l’admirant brusquement, se sentant pris d’un désir. Il n’avait point besoin de revoir la figure, non. Il gardait les yeux plantés sur sa taille, se répétant à lui-même, comme s’il eût parlé : « Nom d’un nom, c’est une belle fille. »

La Martine prit à droite pour entrer à « la Martinière », la ferme de son père, Jean Martin ; et elle se retourna en jetant un regard derrière elle. Elle vit Benoist qui lui parut tout drôle. Elle cria : « Bonjour, Benoist ». Il répondit : « Bonjour, la Martine, bonjour, maît’ Martin », et il passa.

Quand il rentra chez lui, la soupe était sur la table. Il s’assit en face de sa mère, à côté du valet et du goujat, tandis que la servante allait tirer le cidre.