Page:Maupassant - Le Père Milon, 1899.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
MAGNÉTISME

tout autre chose que ce que vous répétez. »

Il y eut autour de l’incrédule une sorte de mouvement de pitié, comme s’il avait blasphémé dans une assemblée de moines.

Un de ces messieurs s’écria :

— Il y a eu pourtant des miracles autrefois.

Mais l’autre répondit :

— Je le nie. Pourquoi n’y en aurait-il plus ?

Alors chacun apporta un fait, des pressentiments fantastiques, des communications d’âmes à travers de longs espaces, des influences secrètes d’un être sur un autre. Et on affirmait, on déclarait les faits indiscutables, tandis que le nieur acharné répétait : « Des blagues ! des blagues ! des blagues ! »

À la fin, il se leva, jeta son cigare, et les mains dans les poches : « Eh bien, moi aussi, je vais vous raconter deux histoires, et puis je vous les expliquerai. Les voici :

« Dans le petit village d’Étretat, les hommes, tous matelots, vont chaque année au banc de Terre-Neuve pêcher la morue. Or, une nuit, l’enfant d’un de ces marins se réveilla en sursaut en criant que son « pé était mort à la mé ». On