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VIEUX OBJETS


Ma chère Colette,

Je ne sais si tu te rappelles un vers de M. Sainte-Beuve que nous avons lu ensemble et qui est resté enfoncé dans ma tête ; car il me dit bien des choses, à moi, ce vers, et il a bien souvent rassuré mon pauvre cœur, depuis quelque temps surtout. Le voici :

Naître, vivre et mourir dans la même maison !

J’y suis maintenant toute seule dans cette maison où je suis née, où j’ai vécu et où j’espère mourir. Ce n’est pas gai tous les jours, mais c’est doux ; car je suis là enveloppée de souvenirs.

Mon fils Henry est avocat ; il vient me voir deux mois par an. Jeanne habite avec son mari