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ÉTRENNES

Elle se retourna et partit vers la porte, si vite qu’il la saisit seulement quand elle sortait du salon.

— Écoutez, Irène…

Elle se débattait, ne voulant plus rien entendre, les yeux pleins de larmes et balbutiant : « Laissez-moi… Laissez-moi… Laissez-moi… »

Il la fit asseoir de force et s’agenouilla de nouveau devant elle, puis il tâcha, en accumulant les raisons et les conseils, de lui faire comprendre la folie et l’affreux danger de son projet. Il n’oublia rien de ce qu’il fallait dire pour la convaincre, cherchant, dans sa tendresse même, des motifs de persuasion.

Comme elle restait muette et glacée, il la pria, la supplia de l’écouter, de le croire, de suivre son avis.

Lorsqu’il eut fini de parler, elle répondit seulement :

— Êtes-vous disposé à me laisser partir, maintenant ? Lâchez-moi, que je puisse me lever.

— Voyons, Irène.

— Voulez-vous me lâcher ?