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L’AMI JOSEPH


On s’était connu intimement pendant tout l’hiver à Paris. Après s’être perdus de vue, comme toujours, à la sortie du collège, les deux amis s’étaient retrouvés, un soir, dans le monde, déjà vieux et blanchis, l’un garçon, l’autre marié.

M. de Méroul habitait six mois Paris, et six mois son petit château de Tourbeville. Ayant épousé la fille d’un châtelain des environs, il avait vécu d’une vie paisible et bonne dans l’indolence d’un homme qui n’a rien à faire. De tempérament calme et d’esprit rassis, sans audaces d’intelligence, ni révoltes indépendantes, il passait son temps à regretter doucement le passé, à déplorer les mœurs et les institutions d’aujourd’hui, et à répéter à tout moment à sa