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YVELINE SAMORIS

d’affaires qui pose les conditions d’un traité, elle dit :

— Voici, maman, ce que j’ai résolu. Nous nous retirerons toutes les deux dans une petite ville ou bien à la campagne ; nous y vivrons sans bruit, comme nous pourrons. Tes bijoux seuls sont une fortune. Si tu trouves à te marier avec quelque honnête homme, tant mieux ; encore plus tant mieux si je trouve aussi. Si tu ne consens pas à cela, je me tuerai.

Cette fois la comtesse envoya coucher sa fille et lui défendit de jamais recommencer cette leçon, malséante en sa bouche.

Yveline répondit :

— Je te donne un mois pour réfléchir. Si dans un mois nous n’avons pas changé d’existence, je me tuerai, puisqu’il ne reste aucune autre issue honorable à ma vie.

Et elle s’en alla.

Au bout d’un mois, on dansait et on soupait toujours dans l’hôtel Samoris.

Yveline alors prétendit qu’elle avait mal aux dents et fit acheter chez un pharmacien voisin quelques gouttes de chloroforme. Le lendemain