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ROUERIE

Or mon frère, l’ayant cherchée à son domicile et ayant appris qu’elle était sortie, avait fait jaser la concierge, à prix d’or. — « Mme  D…, une bien brave femme, et son mari un bien brave homme, pas fiers, pas riches, mais généreux. »

Mon frère demanda, pour dire quelque chose :

— Quel âge a son petit garçon maintenant ?

— Mais elle n’a pas de petit garçon, Monsieur ?

— Comment ? le petit Léon ?

— Non, Monsieur, vous vous trompez.

— Mais celui qu’elle a eu pendant son voyage en Italie, voici deux ans ?

— Elle n’a jamais été en Italie, Monsieur, elle n’a pas quitté la maison depuis cinq ans qu’elle l’habite.

Mon frère, surpris, avait de nouveau interrogé, sondé, poussé au plus loin ses investigations. Pas d’enfant, pas de voyage.

J’étais prodigieusement étonné, mais sans bien comprendre le sens final de cette comédie.

« Je veux, dis-je, en avoir le cœur net. Je vais la prier de venir ici demain. Tu la recevras à ma place ; si elle m’a joué, tu lui remettras ces