Page:Maupassant - Le Père Milon, 1899.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CLAIR DE LUNE


Mme  Julie Roubère attendait sa sœur aînée, Mme  Henriette Létoré, qui revenait d’un voyage en Suisse.

Le ménage Létoré était parti depuis cinq semaines à peu près. Mme  Henriette avait laissé son mari retourner seul à leur propriété du Calvados, où des intérêts l’appelaient, et s’en venait passer quelques jours à Paris, chez sa sœur.

Le soir tombait. Dans le petit salon bourgeois, assombri par le crépuscule, Mme  Roubère lisait, distraite, les yeux levés à tout bruit.

Le timbre enfin tinta, et sa sœur parut, tout enveloppée en ses grands vêtements de route. Et tout de suite, sans s’être seulement reconnues, elles s’étreignirent violemment, s’arrêtant