Page:Maupassant - Le Horla.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

déchira le cœur comme l’appel désolé, comme le reproche lamentable de ce pauvre animal perdu dans l’espace.

Parfois, il s’enfuyait sous la menace du fusil qui suivait son vol ; il semblait prêt à continuer sa route, tout seul à travers le ciel. Mais ne s’y pouvant décider il revenait bientôt pour chercher sa femelle.

— Laisse-la par terre, me dit Karl, il approchera tout à l’heure.

Il approchait, en effet, insouciant du danger, affolé par son amour de bête, pour l’autre bête que j’avais tuée.

Karl tira ; ce fut comme si l’on coupait la corde qui tenait suspendu l’oiseau. Je vis une chose noire qui tombait ; j’entendis dans les roseaux le bruit d’une chute. Et Pierrot me le rapporta.

Je les mis, froids déjà, dans le même carnier… et je repartis, ce jour-là, pour Paris.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .