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aimons, dans le premier mois des noces, et puis nos amants ensuite, nos amies, nos confesseurs, quand ils sont bien. Nous prenons leurs manières de penser, leurs manières de dire, leurs mots, leurs gestes, tout. C’est stupide.

« Enfin, moi quand je suis trop tentée de faire une chose, je la fais toujours.

« Je me dis donc : Voyons, je vais essayer sur un, sur un seul, pour voir. Qu’est-ce qui peut m’arriver ? Rien ! Nous échangerons un sourire, et voilà tout, et je ne le reverrai jamais ; et si je le vois il ne me reconnaîtra pas ; et s’il me reconnaît je nierai, parbleu.

« Je commence donc à choisir. J’en voulais un qui fût bien, très bien. Tout à coup je vois venir un grand blond, très joli garçon. J’aime les blonds, tu sais.

« Je le regarde. Il me regarde. Je souris, il sourit ; je fais le geste ; oh ! à peine, à