— C’est votre pays ?
— C’est mon pays.
— Pourquoi en êtes-vous parti ?
— Pour chercher du travail.
Le brigadier se retourna vers son gendarme, et, du ton colère d’un homme que la même supercherie finit par exaspérer :
— Ils disent tous ça, ces bougres-là. Mais je la connais, moi.
Puis il reprit :
— Vous avez des papiers ?
— Oui, j’en ai.
— Donnez-les.
Randel prit dans sa poche ses papiers, ses certificats, de pauvres papiers usés et sales qui s’en allaient en morceaux, et les tendit au soldat.
L’autre les épelait en ânonnant, puis constatant qu’ils étaient en règle, il les rendit avec l’air mécontent d’un homme qu’un plus malin vient de jouer.
Après quelques moments de réflexion, il demanda de nouveau :
— Vous avez de l’argent sur vous ?
— Non.
― Rien ?
— Rien.
— Pas un sou seulement ?
— Pas un sou seulement.
— De quoi vivez-vous, alors ?