Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tous l’examinèrent : « Ça doit être Sam », dit la mère. Et elle appela : « Hé, Gaspard. » Un cri répondit à l’intérieur, un cri aigu, qu’on eût dit poussé par une bête. Le père Hauser répéta : « Hé, Gaspard. » Un autre cri pareil au premier se fit entendre.

Alors les trois hommes, le père et les deux fils, essayèrent d’ouvrir la porte. Elle résista. Ils prirent dans l’étable vide une longue poutre comme bélier, et la lancèrent à toute volée. Le bois cria, céda, les planches volèrent en morceaux ; puis un grand bruit ébranla la maison et ils aperçurent dedans, derrière le buffet écroulé, un homme debout, avec des cheveux qui lui tombaient aux épaules, une barbe qui lui tombait sur la poitrine, des yeux brillants et des lambeaux d’étoffe sur le corps.

Ils ne le reconnaissaient point, mais Louise Hauser s’écria : « C’est Ulrich, maman. » Et la mère constata que c’était Ulrich, bien que ses cheveux fussent blancs.

Il les laissa venir ; il se laissa toucher ; mais il ne répondit point aux questions qu’on lui posa ; et il fallut le conduire à Loëche où les médecins constatèrent qu’il était fou.

Et personne ne sut jamais ce qu’était devenu son compagnon.

La petite Hauser faillit mourir, cet été-là,