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Et Ulrich la sentait là, tout près, derrière le mur, derrière la porte qu’il venait de refermer. Elle rôdait, comme un oiseau de nuit qui frôle de ses plumes une fenêtre éclairée ; et le jeune homme éperdu était prêt à hurler d’horreur. Il voulait s’enfuir et n’osait point sortir ; il n’osait point et n’oserait plus désormais, car le fantôme resterait là, jour et nuit, autour de l’auberge, tant que le corps du vieux guide n’aurait pas été retrouvé et déposé dans la terre bénite d’un cimetière.

Le jour vint et Kunzi reprit un peu d’assurance au retour brillant du soleil. Il prépara son repas, fit la soupe de son chien, puis il demeura sur une chaise, immobile, le cœur torturé, pensant au vieux couché sur la neige.

Puis, dès que la nuit recouvrit la montagne, des terreurs nouvelles l’assaillirent. Il marchait maintenant dans la cuisine noire, éclairée à peine par la flamme d’une chandelle, il marchait d’un bout à l’autre de la pièce, à grands pas, écoutant, écoutant si le cri effrayant de l’autre nuit n’allait pas encore traverser le silence morne du dehors. Et il se sentait seul, le misérable, comme aucun homme n’avait jamais été seul ! Il était seul dans cet immense désert de neige, seul à deux mille mètres au-dessus de la terre habitée, au-dessus des maisons humaines, au-dessus de