au fond du val. À droite, le Daubenhorn montrait ses rochers noirs dressés à pic au- près des énormes moraines du glacier de Lœmmern que dominait le Wildstrubel. Comme ils approchaient du col de la Gemmi, où commence la descente sur Loëche, ils découvrirent tout à coup l'im- mense horizon des Alpes du Valais dont les séparait la profonde et large vallée du Rhône. C'était, au loin, un peuple de sommets blancs, inégaux, écrasés ou pointus et lui- sants sous le soleil : le Mischabel avec ses deux cornes, le puissant massif du Wissehorn, le lourd Brunnegghorn, la haute et redoutable pyramide du Cervin, ce tueur d'hommes, et la Dent-Blanche, cette monstrueuse coquette. Puis, au-dessous d’eux, dans un trou dé- mesuré, au fond d’un abîme effrayant, ils aperçurent Loëche, dont les maisons sem- blaient des grains de sable jetés dans cette crevasse énorme que finit et que ferme la Gemmi, et qui s'ouvre, là-bas, sur le Rhône. Le mulet s'arrêta au bord du sentier qui va, serpentant, tournant sans cesse et reve- nant, fantastique et merveilleux, le long de la montagne droite, jusqu’à ce petit village presque invisible, à son pied. Les femmes sautèrent dans la neige. Les deux vieux les avaient rejoints.
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