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coute pas vos plaintes timides, vous devriez prendre vos chefs par le cou et les étrangler un peu, pour qu’ils s’occupent enfin de vous.

Debout, employés des ministères et des préfectures, saisissez vos plumes et vos couteaux à papier, et cernez dans leurs cabinets les préfets et les ministres. Cela vous serait si facile, à vous, de murer un ministre pendant quatre ou cinq jours !

Mais vous êtes des bourgeois tranquilles et pacifiques, et vous crèverez de faim en silence, pendant que les citoyens braillards, qui gagnent en deux mois autant que vous en un an, pillent les boutiques des boulangers.

Comme ce serait gai pourtant d’apprendre un soir que tous les ministères ont fait prisonniers les ministres, et qu’ils ne les rendront à la France qu’après une augmentation générale des appointements.