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les tombales

venais de voir, à quelle race d’êtres appartenait cette sépulcrale chasseresse. Était-ce une simple fille, une prostituée inspirée qui allait cueillir sur les tombes les hommes tristes, hantés par une femme, épouse ou maîtresse, et troublés encore du souvenir des caresses disparues. Était-elle unique ? Sont-elles plusieurs ? Est-ce une profession ? Fait-on le cimetière comme on fait le trottoir ? Les Tombales ! Ou bien avait-elle eu seule cette idée admirable, d’une philosophie profonde, d’exploiter les regrets d’amour qu’on ranime en ces lieux funèbres ?

Et j’aurais bien voulu savoir de qui elle était veuve, ce jour-là ?