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les tombales

laient à travers les vêtements, ce qui est bien la chose la plus troublante du monde.

Quand la voiture fut arrêtée à sa maison, elle murmura : « Je me sens incapable de monter seule mon escalier, car je demeure au quatrième. Vous avez été si bon, voulez-vous encore me donner le bras jusqu’à mon logis ? »

Je m’empressai d’accepter. Elle monta lentement, en soufflant beaucoup. Puis, devant sa porte, elle ajouta :

— Entrez donc quelques instants pour que je puisse vous remercier.

Et j’entrai, parbleu.

C’était modeste, même un peu pauvre, mais simple et bien arrangé, chez elle.

Nous nous assîmes côte à côte sur un petit canapé, et elle me parla de nouveau de sa solitude.

Elle sonna sa bonne, afin de m’offrir quelque chose à boire. La bonne ne vint pas. J’en fus ravi en supposant que cette bonne-là ne devait être que du matin : ce qu’on appelle une femme de ménage.

Elle avait ôté son chapeau. Elle était vraiment gentille avec ses yeux clairs fixés sur moi, si bien fixés, si clairs que j’eus une tentation terrible et j’y cédai. Je la saisis dans mes bras, et sur ses paupières qui se fermèrent soudain, je mis des baisers… des baisers… des baisers… tant et plus.

Elle se débattait en me repoussant et répétant : — « Finissez… finissez… finissez donc. »

Quel sens donnait-elle à ce mot ? En des cas pareils,