partirent à pied dans l’ile, vers Bezons, à travers les prairies, le long des hauts peupliers qui bordent le fleuve.
Les grands foins, prêts à être fauchés, étaient remplis
de fleurs. Le soleil qui baissait étalait dessus une nappe
de lumière rousse, et,
dans la chaleur adoucie
du jour finissant, les
flottantes exhalaisons
de l’herbe se mêlaient
aux humides senteurs
du fleuve, imprégnaient
l’air d’une langueur
tendre, d’un bonheur
léger, comme
d’une vapeur de
bien-être.
Une molle défaillance venait aux cœurs, et une espèce de communion avec cette splendeur calme du soir, avec ce vague et mystérieux frisson de vie épandue, avec cette poésie pénétrante, mélancolique, qui semblait sortir des plantes, des choses, s’épanouir, révélée aux sens en cette heure douce et recueillie.
Il sentait tout cela, lui ; mais elle ne le comprenait pas, elle. Ils marchaient côte à côte ; et soudain, lasse de se taire, elle chanta. Elle chanta de sa voix aigrelette et fausse quelque chose qui courait les rues, un