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la femme de paul


se tourna ; sa maîtresse était à son côté. Ils ne se parlèrent pas ; et elle s’accouda comme lui à la balustrade, les yeux fixés sur la rivière.

Il cherchait ce qu’il devait dire, et ne trouvait rien. Il ne parvenait même pas à démêler ce qui se passait en lui ; tout ce qu’il éprouvait, c’était une joie de la sentir là, près de lui, revenue, et une lâcheté honteuse, un besoin de pardonner tout, de tout permettre pourvu qu’elle ne le quittât point.

Enfin, au bout de quelques minutes, il lui demanda d’une voix très douce : — « Veux-tu que nous nous en allions ? il ferait meilleur dans le bateau. »

Elle répondit : — « Oui, mon chat. »

Et il l’aida à descendre dans la yole, la soutenant, lui serrant les mains, tout attendri, avec quelques larmes encore dans les yeux. Alors elle le regarda en souriant et ils s’embrassèrent de nouveau.

Ils remontèrent le fleuve tout doucement, longeant la rive plantée de saules, couverte d’herbes, baignée et tranquille dans la tiédeur de l’après-midi.

Lorsqu’ils furent revenus au restaurant Grillon, il était à peine six heures ; alors, laissant leur yole, ils