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une partie de campagne

Une émotion l’étreignit ; il ajouta :

— Et… avec qui ?

— Mais avec le jeune homme qui nous accompagnait, vous savez bien ; c’est lui qui prend la suite.

— Oh ! parfaitement.

Il s’en allait fort triste, sans trop savoir pourquoi. Mme Dufour le rappela.

— Et votre ami ? dit-elle timidement.

Mais il va bien.

— Faites-lui nos compliments, n’est-ce pas ; et quand il passera, dites-lui donc de venir nous voir…

Elle rougit fort, puis ajouta : — « Ça me fera bien plaisir ; dites-lui. »

— Je n’y manquerai pas. Adieu !

— Non… à bientôt !


L’année suivante, un dimanche qu’il faisait très chaud, tous les détails de cette aventure, que Henri n’avait jamais oubliée, lui revinrent subitement, si nets et si désirables, qu’il retourna tout seul à leur chambre dans le bois.

Il fut stupéfait en entrant. Elle était là, assise sur l’herbe, l’air triste, tandis qu’à son côté, toujours en manches de chemise, son mari, le jeune homme aux cheveux jaunes, dormait consciencieusement comme une brute.

Elle devint si pâle en voyant Henri qu’il crut qu’elle allait défaillir. Puis ils se mirent à causer naturellement, de même que si rien ne se fût passé entre eux