Page:Maupassant - La maison Tellier - Ollendorff, 1899.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
une partie de campagne

let ; et l’énorme dame apparut, un peu confuse et plus rouge encore, l’œil très brillant et la poitrine orageuse, trop près peut-être de son voisin. Celui-ci devait avoir vu des choses bien drôles, car sa figure était sillonnée de rires subits qui la traversaient malgré lui.

Mme Dufour prit son bras d’un air tendre, et l’on regagna les bateaux. Henri, qui marchait devant, toujours muet à côté de la jeune fille, crut distinguer tout à coup comme un gros baiser qu’on étouffait.

Enfin l’on revint à Bezons.

M. Dufour, dégrisé, s’impatientait. Le jeune homme aux cheveux jaunes mangeait un morceau avant de quitter l’auberge. La voiture était attelée dans la cour, et la grand’mère, déjà montée, se désolait parce qu’elle avait peur d’être prise par la nuit dans la plaine, les environs de Paris n’étant pas sûrs.

On se donna des poignées de main, et la famille Dufour s’en alla. — « Au revoir ! » criaient les canotiers. Un soupir et une larme leur répondirent.

Deux mois après, comme il passait rue des Martyrs, Henri lut sur une porte : Dufour, quincaillier.

Il entra.

La grosse dame s’arrondissait au comptoir. On se reconnut aussitôt, et, après mille politesses, il demanda des nouvelles. — « Et mademoiselle Henriette, comment va-t-elle ? »

— Très bien, merci ; elle est mariée.

— Ah !…