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une partie de campagne

il lui demanda son nom. — « Henriette, » dit-elle. — « Tiens ! moi je m’appelle Henri, » reprit-il.

Le son de leur voix les avait calmés ; ils s’intéressèrent à la rive. L’autre yole s’était arrêtée et paraissait les attendre. Celui qui la montait cria : — « Nous vous rejoindrons dans le bois ; nous allons jusqu’à Robinson, parce que Madame a soif. » — Puis il se coucha sur les avirons et s’éloigna si rapidement qu’on cessa bientôt de le voir.

Cependant un grondement continu qu’on distinguait vaguement depuis quelque temps s’approchait très vite. La rivière elle-même semblait frémir comme si le bruit sourd montait de ses profondeurs.

— Qu’est-ce qu’on entend ? demanda-t-elle. C’était la chute du barrage qui coupait le fleuve en deux à la pointe de l’île. Lui se perdait dans une explication, lorsque, à travers le fracas de la cascade, un chant
d’oiseau qui semblait très lointain les frappa. — « Tiens ! dit-il, les rossignols chantent dans le jour : c’est donc que les femelles couvent. »