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en famille

à son ouvrage, remplaça les bougies consumées, puis il considéra sa mère en roulant dans son cerveau ces apparences de pensées profondes, ces banalités religieuses et philosophiques qui hantent les intelligences moyennes en face de la mort.

Mais comme sa femme l’appelait, il descendit. Elle avait dressé une liste des choses à faire dans la matinée, et elle lui remit cette nomenclature dont il fut épouvanté.

Il lut : 1o Faire la déclaration à la mairie ;
2o Demander le médecin des morts ;
3o Commander le cercueil ;
4o Passer à l’église ;
5o Aux pompes funèbres ;
6o À l’imprimerie pour les lettres ;
7o Chez le notaire ;
8o Au télégraphe pour avertir la famille.

Plus une multitude de petites commissions. Alors il prit son chapeau et s’éloigna.

Or, la nouvelle s’étant répandue, les voisines commençaient à arriver et demandaient à voir la morte.

Chez le coiffeur, au rez-de-chaussée, une scène avait même eu lieu à ce sujet entre la femme et le mari pendant qu’il rasait un client.

La femme, tout en tricotant un bas, murmura : — « Encore une de moins, et une avare, celle-là, comme il n’y en avait pas beaucoup. Je ne l’aimais guère, c’est vrai ; il faudra tout de même que j’aille la voir. »

Le mari grogna, tout en savonnant le menton du