quand elle sortait, en criant : — « À la chie-en-lit ! »
Une petite bonne normande, incroyablement étourdie, faisait le ménage et couchait au second près de la vieille, dans la crainte d’un accident.
Lorsque Caravan rentra chez lui, sa femme, atteinte
d’une maladie chronique de nettoyage,
faisait reluire avec un morceau
de flanelle l’acajou des chaises
éparses dans la solitude des pièces.
Elle portait toujours des gants de
fil, ornait sa tête d’un bonnet
à rubans multicolores sans
cesse chaviré sur une oreille,
et répétait, chaque fois qu’on
la surprenait cirant, brossant,
astiquant ou lessivant : — « Je
ne suis pas riche, chez moi
tout est simple, mais la propreté
c’est mon luxe, et celui
là en vaut bien un autre. »
Douée d’un sens pratique opiniâtre, elle était en tout le guide de son mari. Chaque soir, à table, et puis dans leur lit, ils causaient longuement des affaires du bureau, et, bien qu’elle eût vingt ans de moins que lui, il se confiait à elle comme à un directeur de conscience, et suivait en tout ses conseils.
Elle n’avait jamais été jolie ; elle était laide maintenant, de petite taille et maigrelette. L’inhabileté de sa vêture avait toujours fait disparaître ses faibles attri-