Page:Maupassant - La maison Tellier - Ollendorff, 1899.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
histoire d’une fille de ferme

Comme elle n’obéissait pas, il la saisit par le cou et se mit à la frapper au visage à coups de poing. Elle ne dit rien, ne remua pas. Exaspéré, il sauta à genoux sur son ventre ; et, les dents serrées, fou de rage, il l’assommait. Alors elle eut un instant de révolte désespérée,
et, d’un geste furieux le rejetant contre le mur, elle se dressa sur son séant, puis, la voix changée, sifflante :

— J’en ai un éfant, moi, j’en ai un ! je l’ai eu avec Jacques ; tu sais bien, Jacques. Il devait m’épouser : il est parti.

L’homme, stupéfait, restait là, aussi éperdu qu’elle même ; il bredouillait :

— Qué que tu dis ? qué que tu dis ?

Alors elle se mit à sangloter, et à travers ses larmes ruisselantes elle balbutia :

— C’est pour ça que je ne voulais pas t’épouser, c’est pour ça. Je ne pouvais point te le dire, tu m’aurais mise