Page:Maupassant - La maison Tellier - Ollendorff, 1899.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
histoire d’une fille de ferme

— Puis, un matin, elle vit entrer à la soupe un autre valet. Elle demanda :

— Jacques est parti ?

— Mais oui, dit l’autre, je suis à sa place.

Elle se mit à trembler si fort, qu’elle ne pouvait décrocher sa marmite ; puis, quand tout le monde fut au travail, elle monta dans sa chambre et pleura, la face dans son traversin, pour n’être pas entendue.

Dans la journée, elle essaya de s’informer sans éveiller les soupçons ; mais elle était tellement obsédée par la pensée de son malheur qu’elle croyait voir rire malicieusement tous les gens qu’elle interrogeait. Du reste, elle ne put rien apprendre, sinon qu’il avait quitté le pays tout à fait.