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histoire d’une fille de ferme

comme lui ; et, sournois, il demanda grâce. Alors ils s’assirent l’un près de l’autre et ils causèrent amicalement. Ils parlèrent du temps qui était favorable aux
moissons, de l’année qui s’annon­çait bien, de leur maître, un brave homme, puis des voisins, du pays tout entier, d’eux-mêmes, de leur village, de leur jeunesse, de leurs souvenirs, des parents qu’ils avaient quittés pour longtemps, pour toujours peut-être. Elle s’attendrit en pensant à cela, et lui, avec son idée fixe, se rapprochait, se frottait contre elle, frémissant, tout envahi par le désir. Elle disait :

— Y a bien longtemps que je n’ai vu maman ; c’est dur tout de même d’être séparées tant que ça.

Et son œil perdu regardait au loin, à travers l’espace,