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hautot père et fils

aujourd’hui. J’ai le cœur coupé… Une autre fois, un autre jour… Non, pas aujourd’hui… Si j’accepte, écoutez… ce n’est pas pour moi… non, non, non, je vous le jure. C’est pour le petit. D’ailleurs, on mettra ce bien sur sa tête.

Alors César, effaré, devina, et balbutiant :

— Donc… c’est à lui… le p’tit ?

— Mais oui, dit-elle.

Et Hautot fils regarda son frère avec une émotion confuse, forte et pénible.

Après un long silence, car elle pleurait de nouveau, César, tout à fait gêné, reprit :

— Eh bien, alors, mam’zelle Donet, je vas m’en aller. Quand voulez-vous que nous parlions de ça ?

Elle s’écria :

— Oh ! non, ne partez pas, ne partez pas, ne me laissez pas toute seule avec Émile ! Je mourrais de chagrin. Je n’ai plus personne, personne que mon petit. Oh ! quelle misère, quelle misère, monsieur César ! Tenez, asseyez-vous. Vous allez encore me parler. Vous me direz ce qu’il faisait, là-bas, toute la semaine.

Et César s’assit, habitué à obéir.