Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute cette église, l’histoire fabuleuse de l’Ancien Testament, du Messie et des Apôtres. Sur le ciel d’or qui ouvre, tout autour des nefs, un horizon fantastique, on voit se détacher, plus grands que nature, les prophètes annonçant Dieu, et le Christ venu, et ceux qui vécurent autour de lui.

Au fond du chœur, une figure immense de jésus, qui ressemble à François Ier, domine l’église entière, semble l’emplir et l’écraser, tant est énorme et puissante cette étrange image.

Il est à regretter que le plafond, détruit par un incendie, soit refait de la façon la plus maladroite. Le ton criard des dorures et des couleurs trop vives est des plus désagréables à l’oeil.

Tout près de la cathédrale, on entre dans le vieux cloître des bénédictins.

Que ceux qui aiment les cloîtres aillent se promener dans celui-là et ils oublieront presque tous les autres avant lui.

Comment peut-on ne pas adorer les cloîtres, ces lieux tranquilles, fermés et frais, inventés, semble-t-il, pour faire naître la pensée qui coule des lèvres, profonde et claire, pendant qu’on va à pas lents sous les longues arcades mélancoliques ?

Comme elles paraissent bien créées pour engendrer la songerie, ces allées de pierre, ces allées